Pour une vie meilleure

Et si la souffrance était bénéfique ?

La souffrance est là, partout. Elle nous suit comme une ombre et quand enfin nous arrivons à nous en détacher l’espace d’un moment, nous savons pertinemment qu’elle n’est pas loin, prête à surgir à n’importe quel instant. La nature faisant si bien les choses, pourquoi la souffrance est-elle si présente ? Et si la souffrance était inhérente à l’être humain ? Posons-nous même la question : et si la souffrance était finalement bénéfique pour l’Homme ?

La souffrance a une fonction

L’Homme est un être vivant donc actif et, de ce fait, possède tout un tas de mécanismes biologiques qui servent à préserver sa survie et la survie de son espèce. L’omniprésence de la souffrance dans nos vie est-elle le fruit d’un hasard ou n’est-elle pas justement l’expression d’une fonction biologique permettant à l’être humain de survivre ?

La souffrance physique, à travers la douleur, joue un rôle essentiel, celui d’alarme du corps. Cette souffrance permet d’alerter le cerveau d’un danger ou d’une situation néfaste pour notre organisme. La fonction de la douleur physique est ici facilement identifiable : préserver le corps et donc préserver la vie.

La question devient plus difficile quand on se penche sur la souffrance psychologique ou émotionnelle. L’Homme a besoin de s’adapter en permanence a son environnement pour pouvoir survivre et cet état d’insatisfaction permanente, de souffrance latente, est en quelques sortes un moyen de permettre à l’être humain de rester attentif à son environnement et de rester alerte sur la nécessité de s’adapter. Cet état chronique de souffrance nous permet finalement de rester actif dans un environnement potentiellement hostile et dangereux. Notre organisme nous impose une confrontation régulière avec la souffrance afin de nous obliger à rester émotionnellement et intellectuellement actifs face aux dangers de notre environnement et face aux besoin d’adaptation nécessaires à notre survie. Cette souffrance est indispensable car elle créer un état qui nous incite à nous battre et à progresser.

La souffrance est un outil

En partant de cette perspective ne pourrions-nous pas considérer la souffrance comme une alliée et non comme une erreur dans la matrice existentielle ? La souffrance doit être appréhendée comme un outil qui nous permet de progresser et de nous épargner les conséquences, potentiellement létales, d’une exposition non préparée à un trop grand traumatisme. Je m’explique.

Considérons la souffrance physique. Lorsque nous marchons pieds nus sur un petit cailloux, ça fait mal. Le cerveau reçoit une alerte pour protéger le pied d’un plus grand traumatisme et pour nous inciter à ne pas répéter le même scénario. La première chose que nous allons faire, c’est de lever le pied et de le poser ailleurs. Cette action réflexe va permettre d’écarter le danger immédiat. Dans un second temps, nous allons, inconsciemment ou non, apprendre que marcher pieds nus dans un environnement non maîtrisé est dangereux. Cette prise de conscience va nous pousser à trouver des solutions pour ne pas reproduire le même scénario. Nous allons donc nous diriger, très lentement et en regardant bien le sol, vers la maison pour récupérer notre paire de chaussures et les garder aux pieds. Nous éviterons ainsi de reproduire l’évènement qui a provoqué la douleur. Nous apprendrons également qu’il est préférable d’éviter les chemins caillouteux quand on marche pieds nus et de manière plus générale d’éviter de marcher n’importe où et notamment sur des surfaces qui pourraient mettre en danger notre intégrité physique. Imaginons qu’une personne n’ait jamais souffert de sa vie, qu’elle n’ait jamais ressenti de douleur en marchant sur quelque chose, et bien cette personne pourrait très bien marcher sur de la lave et cela pourrait la tuer. La souffrance nous éduque pour éviter ce type de conséquence grave.

La souffrance psychologique joue également ce double rôle d’alarme et d’apprentissage. Elle est là pour nous alerter d’un dérèglement qui s’opère au sein des nombreuses fonctions cognitives de notre organisme ou d’une inadéquation entre la réalité perçue et nos mécanismes mentaux, nos valeurs ou nos conditionnements. Cette alerte nous pousse à agir, elle nous incite à fuir une situation ou à changer quelque chose ! Si nous souffrons dans une relation, qu’elle soit amoureuse, professionnelle, amicale ou familiale, c’est que quelque chose ne va pas dans le complexité des équilibres qui régissent notre bien-être. Un changement est alors nécessaire mais contrairement au cailloux qui se trouve sur le chemin, la solution n’est pas évidente. Souvent, le changement est à opérer à l’intérieur de nous car c’est notre conception qui est erronée ou incompatible avec certaines valeurs acquises. Ces conflits d’intérêts internes sont fréquents et peuvent générer beaucoup d’émotions négatives qui représentent un danger pour l’organisme et pour la survie.

Ces souffrance psychologiques nous incitent également à apprendre de nos erreurs et à ne pas reproduire les mêmes schémas. De plus, elles nous permettent d’acquérir l’expérience nécessaire à la gestion des émotions générées afin de ne pas sombrer dans une dépression qui, là encore, pourrait être fatale, suite à un évènement particulièrement difficile. Le caractère permanent ou fréquent de la souffrance est utile car il nous habitue à gérer émotionnellement les nombreux aléas de la vie.

Que faire de cette souffrance ?

Vous l’avez compris, la souffrance joue un rôle important dans la survie de l’espèce humaine. Elle permet à la fois de prévenir d’un danger immédiat, de garantir notre sécurité future et de nous habituer à gérer émotionnellement les chocs de la vie. Chaque souffrance est porteuse de messages et nous devons apprendre à les déchiffrer pour notre bien-être et pour notre survie.

Pour intégrer les bienfaits de la souffrance il faut l’accepter. Mais attention, accepter la souffrance, ce n’est pas rester à souffrir sans agir ou prendre des médicaments en attendant que ça passe. Non. Accepter la souffrance c’est chercher à comprendre les messages qu’elle porte en elle. Accepter la souffrance c’est chercher à aller en profondeur pour identifier ses causes et prendre les mesures nécessaires pour qu’elle disparaisse.

La souffrance est donc utile, c’est un outil qui nous veut du bien et qui nous permet de progresser. La douleur doit contribuer à notre bien-être si elle est comprise et intelligemment utilisée. Ainsi, vouloir l’éviter à tout prix n’est pas forcément une bonne chose. Surprotéger nos enfants ne les aide pas forcément, mieux vaut leur enseigner la compréhension de ce qu’est la souffrance et la signification des messages qu’elle exprime.

2 commentaires

  • Kadar Termeche

    Cela me fait mieux comprendre une parole que souvent me disait ma mère étant petit :  »Souffre et tais-toi, si tu es un homme souviens-toi »

    Souffre et tais-toi ne voulait pas dire ne rien faire! Mais plutôt étudier sa souffrance pour mieux la comprendre.

    Si tu es un homme souviens-toi : voulait dire tire le bon côté de ta souffrance au quotidien pour l’utiliser à bon escient .

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