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Quelle différence entre joie et plaisir ?

Quelle est la différence entre joie et plaisir ? Dans le langage courant, les notions de joie et de plaisir sont souvent associées et parfois même confondues. Bien que nous puissions débattre indéfiniment sur la signification littéraire des mots qui les définissent, il existe cependant une différence fondamentale entre ces deux concepts. Dans le cadre de notre recherche permanente d’un meilleur “soi”, il me semble important de bien saisir cette différence.

Qu’est-ce que le plaisir

Il y a plusieurs choses intéressantes à retenir dans la notion de plaisir. Premièrement, c’est un sentiment, une émotion, et non un état. Il y a donc, derrière cette notion, une valeur de fugacité. Le plaisir possède ce côté éphémère et plus ou moins intense. Pour certain(e)s, manger un bon Cheesecake à la terrasse d’un restaurant sympa procure du plaisir. Pour d’autres, s’acheter la belle robe vue dans un magasine de mode procure du plaisir. Pour d’autres encore, partir une semaine en vacances au bord de l’eau procure du plaisir.

Deuxièmement, la notion de plaisir est profondément et intimement liée à celle de désir. Le plaisir résulte toujours de l’assouvissement d’un désir et donc d’une circonstance extérieure. Cette circonstance extérieur peut être une personne, un objet, une situation, une parole ou la perspective d’un futur imaginé. Nous le savons tous, le désir exerce un pouvoir considérable sur les gens. D’ailleurs la société de consommation dans laquelle nous vivons sait très bien activer les leviers du désir pour nous pousser à consommer toujours plus. Finalement, nous ne consommons pas vraiment des biens ou des expériences mais plutôt des désirs. Nous consommons pour chercher à atteindre l’état de plaisir inhérent à l’assouvissement d’un désir ! Puis le caractère éphémère du plaisir le rend suffisamment rare pour créer en nous une dépendance, telle une drogue, et nous cherchons systématiquement à reproduire ce schéma.

Qui n’a jamais rêvé d’avoir une belle maison, un super métier, un conjoint parfait, beaucoup d’argent… Pour finalement se rendre compte, une fois ce rêve acquis, que la rétribution espérée, le grand bonheur, n’était toujours pas au rendez-vous ?

La satisfaction qui résulte du plaisir est par nature éphémère car elle est liée uniquement à l’assouvissement du désir et non à son objet ! Que ce soit un petit objet, comme un bonbon, ou un évènement d’envergure, comme gagner au loto, l’assouvissement du désir procure du plaisir (et un tas d’émotions plaisantes) au moment où celui-ci est satisfait. Cependant, très vite, nous nous habituons à cette nouvelle condition et la disparition du désir annihile le plaisir. Nous allons donc porter notre attention sur d’autres désirs pour rechercher cette sensation de plaisir et ainsi de suite.

Le plaisir dépend donc d’éléments extérieurs. Nous cherchons toujours à satisfaire ce besoin de plaisir à travers une multitude d’activités mais quand ce désir ne peut être satisfait, cela créer des émotions négatives, à savoir : de la tristesse, de la frustration, de la jalousie ou de la colère.

Qu’est-ce que la joie

La joie, contrairement au plaisir, est un état et non une simple émotion. Elle est également plus ancrée dans le temps et n’a généralement pas la même intensité qu’un plaisir. Ce qui est important d’appréhender, c’est que la joie ne dépend pas d’éléments extérieurs mais d’un conditionnement interne. Des facteurs exogènes peuvent certes venir exacerber cet état mais ils ne vont pas le créer. La joie est un état de contentement qui est présent en nous et qui peut s’exprimer à tout moment.

Pour certain(e)s ce bonheur latent est un secret bien gardé “quelque part à l’intérieur” car complètement occulté par les épais nuages de notre mental, par nos soucis quotidiens, par notre paramétrage cérébrale. Pour d’autres, cette joie naturelle s’exprime en permanence, n’étant troublée que par quelques évènements désobligeants, inhérents à toute vie sur Terre.

Contrairement au plaisir qui s’identifie facilement, la joie est plus subtile. Parfois, elle ne se remarque pas tout de suite mais longtemps après. Il nous est souvent arrivé de dire des phrases du type : “finalement c’était bien l’époque où j’étais étudiant”. Identifier la joie, ça s’apprend. Permettre à la joie de s’exprimer, ça s’apprend également et la meilleure technique pour cela, c’est de cultiver la gratitude !

La clé du bonheur

Le plaisir et la joie ne sont pas pour autant des concepts opposés et encore moins incompatibles. Maintenant que nous sommes familiers avec leur différence, comment faire pour vivre une vie épanouie ?

“Le bonheur c’est de continuer à désirer ce que l’on possède.”

Saint Augustin

Saint-Augustin, penseur et théologien chrétien du Xème siècle, propose une approche que je trouve vraiment pertinente pour accéder à cette épanouissement existentiel que nous cherchons tous désespérément. Pour lui, la joie ne nécessite pas de satisfaire tous les désirs, ni de s’en priver, mais bien d’apprendre à désirer ce que nous avons déjà ! Pour y arriver, il est nécessaire de réapprendre notre rapport au désir. En d’autres termes, nous devrions délaisser le désir de ce que nous n’avons pas et cultiver le désir ce que nous possédons déjà. La logique semble implacable, me direz-vous, la mise en œuvre quant à elle paraît plus aléatoire. Ce n’est que par un travail profond et régulier sur soi que l’on peut changer cet état d’esprit.

Prenons comme exemple les relations amoureuses. Dans de très nombreux cas, le désir pour une personne s’éteint progressivement à partir du moment où l’on prend conscience de posséder l’autre, ou plus subtilement au moment où l’on prend conscience de posséder l’amour de l’autre. Le désir initial de l’autre devient un acquis, une habitude et s’intègre plus ou moins rapidement dans notre vie. Dès lors, le désir disparaît et laisse place (ou pas) à d’autres sources de motivation. C’est la même chose avec l’argent, nous éprouvons un certain plaisir les premiers temps où nous gagnons plus d’argent mais, très rapidement, ce plaisir s’estompe. Notre nouveau niveau de vie s’installe comme une habitude, un acquis et nous n’éprouvons plus le même plaisir. C’est à ce moment-là qu’un nouveau désir apparaît, celui d’avoir encore plus d’argent.

Comprendre ces mécanismes permet d’y voir plus clair sur la manière dont nos émotions et nos pulsions fonctionnent. Il existe un exercice très simple et très efficace pour lutter contre cette tendance à chercher le plaisir éphémère dans des éléments extérieurs. Cet exercice consiste très simplement à se répéter tous les jours et aussi fréquemment que possible des phrases de gratitude :

  • Quelle chance j’ai aujourd’hui d’être avec cette personne !
  • Quelle chance j’ai d’avoir ce travail !
  • Quelle chance j’ai de pouvoir manger à ma faim !
  • Quelle chance j’ai d’avoir encore mes parents en vie !

Les exemples sont infinis, c’est à chacun de nous de trouver les objets de notre reconnaissance. Cultiver la gratitude est un exercice d’une puissance insoupçonnée. La fréquence et la répétition de ces petites phrases permettra à notre cerveau d’intégrer la satisfaction d’avoir ce que nous avons et renforcera le sentiment de joie qui nous habite.

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