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Savoir écouter – l’art de l’écoute active

Savoir écouter est certes une grande qualité, mais l’écoute active est une compétence beaucoup plus subtile et rare qu’elle ne paraît. Savoir écouter ce n’est pas seulement se taire en attendant que l’autre termine son récit. D’ailleurs une écoute n’implique pas nécessairement un dialogue avec un interlocuteur. Écouter activement c’est aussi être pleinement conscient des sons qui nous parviennent et être dans le moment présent.

Savoir écouter l’autre

Entendre ne veut pas dire écouter. Lors d’une discussion, nous avons tous remarqué que certaines personnes ne prennent même pas le temps d’entendre ce que l’autre souhaite dire. Ces individus sont souvent ceux qui coupent la parole pour imposer leur idée du moment. Ces attitudes regrettables, parfois totalement involontaires et innocentes, nous laissent penser que ces personnes ont peur de laisser filer leur chance d’avoir raison et de pouvoir imposer leur point de vue. Nous observons fréquemment ces comportements chez les femmes et les hommes politiques lors de débat public, créant ainsi une cacophonie rebutante et particulièrement indigeste. On retrouve cependant de telles attitudes à tous les niveaux.

Pour pouvoir écouter l’autre, la première chose à faire est simplement de l’entendre et donc de le laisser parler. C’est la première condition à une bonne écoute. Mais comme je l’ai dit, entendre ne veut pas dire écouter. Il ne suffit pas de laisser notre interlocuteur terminer sa phrase et attendre son tour pour argumenter. Savoir écouter c’est aussi offrir à la personne qui parle toute notre attention et notre considération pour ses idées ou pour son récit. L’écoute active n’est pas un simple exercice auditif, c’est une posture intellectuelle qui vise à entrer dans la narration de l’autre pour comprendre le sens profond de ce qu’il nous dit. Écouter vraiment, c’est essayer de se mettre à sa place pour comprendre son point de vue et le cheminement intellectuel qui l’a amené à penser ainsi. Écouter vraiment, c’est oublier ses propres jugements pour se fondre dans l’univers de notre interlocuteur et appréhender son point de vue. Cet exercice est particulièrement difficile car il nécessite de mettre son égo de côté pour tenter d’appréhender le Moi pensant de notre interlocuteur et ça, nous n’aimons pas.

Dès lors, ne préparez pas vos arguments pendant que la personne parle car dans ce cas, vous êtes déjà dans la contradiction, vous n’êtes plus pleinement présent et ne pourrez jamais comprendre l’autre véritablement.

Le feed-back – une posture à adopter

Le feed-back est un anglicisme qui signifie réaction, retour ou rétroaction. Ce sont tous les signaux que nous envoyons à un interlocuteur en retour de son discours. Le feed-back peut être de plusieurs natures mais nous allons en décrire deux : le feed-back gestuel et le feed-back verbal.

Le feed-back gestuel est très important car il montre, à travers notre gestuelle, que nous sommes à l’écoute car oui, l’écoute active est aussi une affaire de posture. Pour être totalement engagé dans une discussion, notre corps doit impérativement jouer son rôle et montrer qu’il est dans une présence totale. Notre buste, notre tête, nos yeux, nos mains ou encore notre bouche doivent être en parfaite cohérence avec l’écoute active. Si vous parlez à une personne qui vous prête l’oreille tout en pianotant sur son téléphone portable ou en regardant quelqu’un d’autre, vous aurez certainement l’impression que la notion de pleine écoute n’y est pas ! C’est normal.

Adopter la bonne posture est une façon de libérer la parole de l’autre. Un simple haussement d’épaule, une légère moue de dédain ou des sourcils exagérément froncés sont les signes évidents d’un jugement contrarié du récit qui est fait. De telles attitudes, même si elles ne sont pas expressément exécutées, ne permettent pas l’expression d’un récit authentique, puisqu’il sera alors irrémédiablement réorienté pour s’adapter à ces réactions.

Maintenir un contact visuel doux et bienveillant avec un interlocuteur est un moyen efficace de rester attentif à ses propos et de lui faire savoir. C’est subtile mais la manière dont nous bougeons (positivement) la tête peut vouloir dire plusieurs choses. Essayez devant un miroir et vous verrez par vous-même. Cela peut vouloir dire “oui je comprends ce que tu me dis” ou cela peut signifier “oui je suis d’accord avec ce que tu me dis”. Ce sont deux feed-back différents mais dans les deux cas, notre interlocuteur est rassuré sur le fait que nous l’entendons et que nous le comprenons.

Le feed-back verbal est lui plus élaboré et plus maniable. Il consiste à rassurer l’autre par de petites phrases du type “je comprends”, “j’entends bien”, “continue”… Il consiste aussi à poser des questions, si possible ouvertes, pour encourager la personne à développer ses idées et à affiner son récit. Enfin le feed-back verbal, c’est aussi la reformulation des idées principales de la narration, ce qui permet de s’assurer d’avoir bien compris. Cette rétroaction orale est très importante car elle démontre notre capacité à écouter activement. Elle est également la preuve que nous cherchons à comprendre l’autre, à saisir le sens profond de son histoire et à appréhender ses émotions.

Comprendre ne veut pas dire adhérer aux idées

Nous pouvons très bien comprendre le point de vue d’un interlocuteur sans pour autant adhérer à son idée et sans pour autant se laisser convaincre.

“C’est la marque d’un esprit cultivé d’être capable de nourrir une pensée sans la cautionner pour autant”

Aristote

Comprendre l’autre, de la manière la plus neutre possible, est un exercice très difficile qui demande une présence totale et une prise de distance émotionnelle indispensable. Chaque individu possède sa propre activité cérébrale qui a été façonnée et influencée par une multitude de facteurs : l’hérédité, l’éducation, l’environnement, la culture, la religion, les expériences de vie, etc. Il est dès lors très difficile de comprendre comment une idée a pu émerger et grandir dans le cerveau d’une autre personne. En effet, cette idée, qui n’est pas la nôtre, est passée par de nombreux filtres mentaux qui, eux non plus, ne sont pas les nôtres et dont certains nous sont totalement inconcevables.

Pour comprendre une telle idée étrangère, il est indispensable de mettre notre jugement de côté et d’accepter que d’autres vérités puissent exister. Le jugement est le plus grand ennemi de la compréhension. Cependant, comprendre une idée ne veut pas dire y adhérer, c’est plutôt se dire : “ok, je comprends pourquoi tu penses ainsi, je comprends les mécanismes mentaux qui t’ont permis d’aboutir à cette idée mais moi je ne la partage pas parce que…”

Savoir écouter tout simplement

L’écoute c’est aussi une façon d’être. Il n’est pas nécessaire d’avoir une personne en face de nous pour écouter attentivement. Nous sommes entourés de bruits, de sons, de paroles et de silences. Savoir écouter c’est aussi être réceptif aux ondes qui nous entourent en permanence. C’est cela la pleine conscience.

Accordons-nous quelques minutes, fermons les yeux et concentrons toute notre attention sur les sons qui nous parviennent. Essayons de les identifier, de les accepter tels qu’ils sont. Entendons cet oiseau qui chante, le vent qui secoue les branches, la pluie qui tombe, le bruit de l’avion qui passe au loin… Explorons leur nuance, leur subtilité, leur intensité, leur rythme, leur tonalité et acceptons les émotions qu’ils procurent tout au fond de nous.

En développant notre écoute active nous vivons des expériences sensorielles plus riches et cela contribue à notre bien-être. Cette bonne habitude à prendre est un excellent antistress naturel !

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