Le pouvoir de dire “non” !
Nous sommes nombreux à reconnaître notre incapacité, parfois, à simplement dire “non”, à rester ferme devant une situation qui nous échappe. Alors nous hésitons, nous tournons autour du pot, nous inventons des excuses et parfois-même, nous nous résignons et adaptons notre comportement à cette incapacité de dire les choses sans équivoque. Pourtant, le pouvoir de dire “non” est souvent salvateur et cette capacité à refuser les choses est incroyablement bénéfique pour notre bien-être et pour nos relations.
Pourquoi avons-nous tant de mal à dire “non” ?
Les difficultés que nous rencontrons quand il s’agit de dire “non” ont des origines diverses. Ces dernières peuvent être d’ordres psychologiques, émotionnels, culturels ou encore sociaux.
Dans la plupart des cas, l’analyse de cette inhibition met en lumière des peurs profondément enfouies, notamment celle du rejet. Dire “non” peut être perçu, par notre inconscient, comme une raison qui justifierait de ne pas être aimé. Nous souhaitons tous être appréciés. Nous souhaitons tous être acceptés par les autres, dans une communauté. Nous souhaitons tous être jugés positivement. Le meilleur moyen d’être apprécié n’est-il pas de satisfaire tous les besoins des autres, de répondre à leur désirs ? Ce comportement, certes extrême, est profondément ancré chez certaines personnes qui, pour ne pas prendre le risque d’être rejetées, ne refusent jamais rien.
La peur du rejet est généralement liée au besoin d’approbation sociale et au besoin d’appartenance. Dans des temps très anciens, perdre l’approbation sociale était particulièrement dangereux, voire mortel. En effet, prendre le risque de se faire exclure de la tribu signifiait perdre toute protection face aux dangers d’une nature hostile. Cela signifiait donc de réduire considérablement ses chances de survivre. Le contexte aujourd’hui à changé mais la peur elle est restée.
Cette crainte du rejet se retrouve également dans la peur du jugement. Ces deux notions sont très proches et les raisons se recoupent. Le fait de dire “non” est perçu comme une occasion donnée à l’autre de nous juger négativement. Dès lors l’image de soi est impactée. Certains individus protègent leur image et leur amour-propre en s’interdisant de contrarier leurs interlocuteurs. Là encore, le rejet social est une peur profonde que l’on ne souhaite pas réveiller.
Dire “non”, c’est également augmenter le risque de conflit. Certaines personnes ne supportent pas les tensions, elles évitent alors le moindre désaccord, de peur d’être confrontées à un conflit gênant et difficile à affronter. Pour ces personnes, exposer un refus est une source potentielle de discorde et c’est pour cette raison qu’elles évitent les situations pouvant provoquer cela.
Enfin, le “non” peut engendrer, chez certains individus, un sentiment de culpabilité. De leur point de vue, refuser quelque chose à quelqu’un, c’est le rendre triste. Cette perspective peut générer de la culpabilité et ce sentiment est loin d’être anodin. Afin de se protéger de cette indignité sournoise, le “non” est alors banni de leur vocabulaire.
Dire “non”, cela s’apprend
Bien que cela puisse être particulièrement difficile, dire “non” est parfois nécessaire et même salutaire. Cette faculté permet d’établir des limites saines, de mieux gérer son temps et surtout de préserver son bien-être émotionnel.
Il est important de bien comprendre que dire “non” n’est absolument pas incompatible avec des relations saines et sincères. La communication est alors importante. La forme est essentielle. En effet, c’est la manière de refuser une sollicitation qui va faire passer le bon message sans provoquer de “drame”. Pour qu’un “non” soit accepté, il doit toujours être prononcé de manière respectueuse mais avec fermeté. Un refus doit être suffisamment clair, il ne doit surtout pas être ambivalent. Il existe une multitude de tournures pour adoucir un “non” mais ces formulations ne doivent pas suggérer le doute ou l’ambiguïté. C’est comme avec les enfants, nous devons être fermes dans un refus pour qu’il soit compris et assimilé.
En fonction des situations, un refus nécessite parfois d’être expliqué. Attention cependant car se justifier systématiquement n’est pas toujours bénéfique, cela peut créer de la frustration et montrer un certain manque de confiance quant à notre position. Pour adoucir un “non” sans pour autant chercher à se disculper, nous pourrions exprimer une certaine gratitude envers notre interlocuteur, comme par exemple dans la formule suivante : “Je suis très touché que vous me fassiez confiance pour cette tâche mais je ne peux pas l’accepter pour le moment“. Une autre façon de faire passer la pilule d’un refus est de proposer des alternatives, comme dans la phrase : “Je ne peux pas me libérer pour cette réunion mais je vous propose que l’on s’appelle demain pour faire un débriefe“.
Savoir dire “non” est une question de forme. Celle-ci doit s’adapter au contexte et aux enjeux. Gardons toujours à l’esprit qu’un “non” ferme et respectueux est quelque chose de tout à fait normal et ne doit pas être une source de conflit. Si le refus est un peu difficile, il doit toujours s’accompagner du maintient d’une communication ouverte et d’une grande capacité d’écoute.