Pour une vie meilleure

C’était mieux avant ! Vraiment ?

Qui n’a jamais entendu la phrase : “ah c’était mieux avant” ? Ou encore son lot de variantes du type “ce n’est plus ce que c’était”, “de mon temps, c’était plus facile”, “les jeunes d’aujourd’hui sont beaucoup plus/moins…” Peut-être que vous l’avez déjà pensé. Peut-être même que vous le pensez régulièrement. Mais objectivement, était-ce vraiment mieux avant ?

Cette pensée humaine est certes répandue mais elle n’est que rarement fondée sur des jugements objectifs. Pourquoi est-ce que tant de gens pensent que c’était mieux avant ? D’où vient cette nostalgie inexpliquée du passé ? Le monde se dégrade-t-il autant que cela ? Sommes-nous réellement dans une phase de dégression permanente ? Il suffit d’ouvrir un livre d’histoire pour remarquer que le monde semblait souffrir tout autant avant, si ce n’est plus ! Guerres mondiales, famines ravageuses, maladies incontrôlables et bien d’autres choses encore nous rappellent que nos ascendants ne semblaient pas forcément mieux lotis que les générations actuelles.

Une question de contexte et d’émotions

Dès lors, qu’est-ce qui fait que beaucoup de gens pensent que la vie était mieux avant ? La réponse est simple. Quand nous jugeons un évènement passé, nous jugeons un simple fait. A travers de tels souvenirs, nous occultons tous les petits détails entourant la situation de l’époque et ne gardons que le fait principal.

Maintenant quand nous jugeons un évènement présent, nous jugeons un fait mais cette fois par le filtre de nos émotions. Nous jugeons également une multitude de petits faits contextuels qui viennent altérer notre perception. Notre jugement présent intègre donc le fait, le contexte et les émotions associées à ce fait. C’est en cela que la comparaison entre une situation présente et une situation passée n’est pas « équitable ». Lorsque nous jugeons une situation passée, nous n’avons plus l’émotion associée ou alors elle est considérablement diminuée. En revanche dans le jugement d’une situation présente, les émotions sont encore très vives et altèrent ce jugement. Nous jugeons en réalité davantage les émotions et le contexte que le fait principal. C’est là toute la différence.

Un exemple pour comprendre le “c’était mieux avant”

Imaginez que vous êtes dans un parc d’attraction avec vos enfants. Pendant la journée, il fait vraiment très chaud, les files d’attentes sont interminables, la plus grande s’est perdue dans la foule et le petit dernier vient de renverser sa glace à la vanille sur son nouveau T-Shirt Spiderman acheté 35 € à la boutique souvenirs et, bien sûr, vous n’avez pas de mouchoir sur vous ! Si vous jugez la situation à cet instant précis, votre jugement sera altéré par un tas de facteurs contextuels (la chaleur, les files d’attente, le monde), d’évènements multiples (la glace renversée, la grande qui s’est perdue) et d’émotions associées (là, je vous laisse imaginer). Votre jugement de la situation sera peut-être (et je dis bien “peut-être”) le suivant : mais quelle galère ce parc d’attraction !

En revanche, si je vous invite à évaluer cette journée 10 ans plus tard, vous retiendrez simplement le fait principal, c’est-à-dire une journée au parc d’attraction avec les enfants. Tous les petits tracas du moment seront oubliés et les émotions associées auront disparues depuis bien longtemps. Et là, comme par miracle, le jugement sera beaucoup plus positif ! Cette journée au parc était vraiment chouette. Sans aucune altération contextuelle, il est vrai que passer une journée avec ses enfants au parc d’attraction apparaît comme quelque chose de positif.

L’état d’esprit présent détermine le jugement du passé

Nous sommes tous en quelques sortes les victimes de nos émotions quotidiennes et, bien souvent, les émotions négatives nous empêchent de voir un évènement de manière neutre ou quasi neutre, comme nous pouvons le faire avec des évènements passés. Les gens qui naturellement sont plutôt négatifs dans leur vie de tous les jours vous diront souvent que c’était mieux avant alors que les personnes positives et optimistes ne le disent pas. Vous pouvez regarder autour de vous et analyser la situation et vous verrez que cela se vérifie systématiquement. 

Il y a fort à parier que les personnes qui se plaignent de leur situation en ce moment, sont celles qui, dans plusieurs années, vous diront que « c’était mieux avant » (donc aujourd’hui) car leurs émotions négatives actuelles les rendent aveugles. Elles les empêchent de voir le bon côté des choses et d’apprécier la chance qu’elles ont d’être en bonne santé, d’avoir un travail, de pouvoir rigoler, etc. Ces personnes négatives ne voient que les côtés contraignant de leur vie. Mais quand tout cela sera passé, quand toutes ces émotions se seront dissipées, alors, au-dessus des nuages gris de leurs pensées, elles pourront enfin voir les choses de manières réaliste et neutre et constater que finalement leur “vie d’avant” n’était pas si mal que cela. Les émotions négatives (comme les positives d’ailleurs) se seront dissipées. 

Les grands traumatismes font exception

Cette perception biaisée du passé (je devrais plutôt dire la perception biaisée du présent altérant le jugement du passé) n’est pas toujours injustifiée. Les personnes qui ont vécu de grands traumatismes avec de très fortes émotions associées n’auront pas le même jugement vis-à-vis du passé car la force des émotions alors générées pourraient ressortir au moment de se rappeler un douloureux souvenir. Même diminuées les émotions influenceront le jugement. Cette règle s’applique également pour les émotions positives fortes comme la naissance d’un enfant. Mais globalement, sachez que les émotions se dissipent et que si vous comparez un état présent avec un état passé, votre jugement sera différent car l’un est filtré par vos émotions et l’autre non (ou beaucoup moins).

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