Les réponses d'Oncle Michel

Le moment présent

Notre esprit navigue en permanence, comme un bateau ne cesse de danser sur la surface de l’eau, porté par les mouvements incessants de la houle. L’esprit lui navigue entre le passé et le futur. C’est dans sa nature d’imaginer demain et de se rappeler hier. Mais qu’en est-il du moment présent ? Il se connecte parfois au présent mais n’aime pas y rester et pourtant, le seul temps qui possède une réalité concrète, tangible, n’est-il pas le présent ? En effet, le passé n’existe plus, il n’a plus de réalité dans l’ici et maintenant alors que le futur n’est qu’une projection mentale construite à partir de potentialités et qui elle non plus n’existe pas.

Évolution biologique

Notre cerveau est un puissant outil destiné à nous protéger et, de manière plus large, à préserver l’espèce humaine. En lisant les journaux et en parcourant la rubrique des faits divers, nous pouvons parfois en douter, je vous l’accorde, et pourtant sa fonction primaire est bien de nous protéger. Son mode de fonctionnement nous permet de détecter les menaces environnantes, de les analyser et d’élaborer des stratégies pour les éviter, pour les fuir ou pour les combattre. L’une des fonctions du cerveau humain est d’apprendre des expériences passées afin de ne pas se mettre en danger et ainsi optimiser ses chances de survie. C’est pourquoi il est important de se rappeler du passé et de réfléchir à tous ces évènements qui auraient pu, d’une manière ou d’une autre, nous mettre en danger ou mettre notre Moi dans une situation désagréable. Le but de notre mécanique cérébrale ici est de garder actifs certains souvenirs pour ne pas reproduire des erreurs potentiellement dangereuses, voire mortelles.

Si un jour nous voyons un chien mordre une personne, notre cerveau va garder ce souvenir et à chaque fois que nous croiserons un chien, il se mettra en alerte et nous incitera à la plus grande vigilance et donc à l’éviter. A l’inverse, si nous avons toujours connu des chiens très affectueux, notre cerveau associera l’animal au bien-être et, à chaque fois que nous croiserons un chien, notre reflex sera naturellement d’aller vers lui pour le caresser. Dans les deux cas, ce sont nos souvenirs qui auront permis d’établir un comportement vis-à-vis du chien.

La capacité du cerveau à se projeter dans le futur et à anticiper les évènements s’apparente également à un mécanisme de protection. En anticipant les évènements et les situations nous pouvons mieux prévoir et gérer les dangers à venir. Cette visualisation nous rendra plus réactif face à des menaces identifiées ou hypothétiques. Ainsi la prise de décision sera alors plus facile, plus rapide et mieux adaptée.

Si nous reprenons l’exemple du chien potentiellement dangereux et que nous devons nous rendre chez une personne qui possède un chien, notre cerveau va anticiper le danger et prévoir des scénarios de contournement. Son rôle sera alors de nous protéger du danger à venir.

Un système inadapté devenu source de stress

Aujourd’hui, dans un environnement où les dangers sont bien différents de ceux de nos ancêtres, nos mécanismes internes continuent de jouer un rôle qui n’est parfois plus justifié. Ils nous rendent excessivement préoccupés alors que notre survie n’est pas en danger et cela provoque un stress récurrent et parfois chronique. Cette anxiété permanente est particulièrement néfaste pour la santé mentale, émotionnelle et physique d’une personne. La rumination régulière sur des évènements du passé ou l’anticipation maladive et anxiogène du futur, peuvent devenir des schémas mentaux profondément enracinés.

Quand notre mental se focalise sur des évènements générateurs de stress, les glandes surrénales libèrent, entre autre, du cortisol et de l’adrénaline. Ces hormones ont divers effets sur le corps, notamment la mobilisation de l’énergie stockée, la suppression de la réponse inflammatoire et la modulation de la réponse immunitaire. Quand ces hormones se libèrent de manière prolongée, cela a une influence évidente sur le corps mais également sur les émotions.

Vivre dans le moment présent

Pourquoi avons tant de difficulté à rester dans le présent et à le vivre pleinement, sans être pollué par toutes ces pensées liées au passé ou au futur ? Le cerveau génère des pensées en permanence, c’est son rôle, il ne cesse jamais de travailler et de nous amener ailleurs, comme si notre survie en dépendait. Il faut dire que pour lui, arrêter de penser est perçu comme une disparition de notre Moi et cela est terrifiant pour notre égo. Ce qu’il ignore c’est qu’au contraire, se laisser porter entièrement par le moment présent, c’est la vie, la vraie ! Notre mental ne cesse de rattacher le présent à des expériences et à des émotions du passé ou bien il juge le présent sur ses conséquences futures sans jamais se poser et apprécier ce que le moment offre, cet instant de vie à la fois unique et entier.

Nous l’avons dit, le passé comme le futur n’existent que dans notre tête, ce sont des fabrications du mental. Rien ne se passe actuellement dans le passé, tout n’est que souvenir. Rien ne se passe actuellement dans le futur, tout n’est que projection intellectuelle. C’est uniquement dans le présent que les choses se déroulent, c’est dans le maintenant que la vie se développe. Nous passons donc l’essentiel de notre temps à être en dehors de la réalité, de l’action, de la vie en navigant sans cesse dans le passé et dans le futur. Quand le présent est observé avec les yeux du passé ou du futur, il est déformé. L’inverse est également vrai, quand le passé est observé avec les yeux du présent il est déformé (lire l’article : C’était mieux avant ? Vraiment !). Il paraît alors essentiel de se détacher de ce mental pour voir le présent tel qu’il est réellement : neutre et calme.

S’exercer à la pleine conscience est une pratique particulièrement efficace pour appréhender ce détachement. La méditation est un moyen pour y parvenir. L’objectif sera alors d’être pleinement conscient de ce qui se passe dans le moment présent, sans se laisser embarquer dans l’imaginaire créatif de notre mental, c’est-à-dire sans les jugements et sans les distractions de nos pensées. Nous nous posons alors comme un simple observateur de nos pensées et non plus comme un acteur actif des histoires générées par notre cerveau. Cela implique de porter une attention totale à toutes les manœuvres mentales qui s’opèrent en nous, aux émotions générées, aux sensations corporelles et à notre environnement immédiat. La pratique de la pleine conscience peut aider à réduire le stress, à améliorer la concentration et à favoriser un bien-être général.

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