La peur du jugement
En réponse à une question de son neveu sur l’indécision, Oncle Michel développe le concept du jugement et de l’inhibition qui découle de la peur de ce jugement. Comprendre la peur du jugement pour progresser dans sa vie, voilà ce que je vous propose dans cet article ! Laissons maintenant la parole à Oncle Michel.
Notre cachot intérieur
La peur d’être jugé, et surtout celle d’être critiqué, est l’une des plus imposantes chaînes qui nous annihilent et nous maintiennent dans notre cachot intérieure. C’est un véritable carcan contre lequel l’être humain doit lutter pour se libérer de l’inhibition dans laquelle il végète, parfois pendant toute une vie.
Combattre l’angoisse du jugement est quelque chose de difficile. L’adversaire est vicieux, il se cache dans notre subconscient et agit en douce, tel un malandrin guettant sa proie dans l’obscurité de la nuit. Cette crainte du procès d’intention est malsaine car elle nous empêche d’être nous-même et nous contraint à jouer un rôle mystifiant. Ce subterfuge demande d’importants efforts comportementaux. C’est une activité contre-nature qui épuise et surtout qui crée un déséquilibre interne permanent.
Notre véritable personnalité est ainsi réprimée et trop souvent contrariée, ce qui peut provoquer un sentiment de profond mal-être. La peur du jugement est également associée au rejet de la défaite. Je parle ici de cette crainte de l’échec qui nous empêche d’entreprendre et de tenter des choses pour ne pas avoir à goûter aux fruits amers de la déception.
Cette perspective menaçante nous installe dans une vie balisée, rassurante, dite « normale » et, pourtant, si ennuyeuse et insipide. Nous sommes les victimes d’une société et d’une éducation qui nous ont appris à juger la réussite selon des critères édictés. Nous subissons cette influence qui est d’une puissance écrasante dans l’intellect collectif. Si une personne te demande de choisir entre plusieurs options et que ton arbitrage ne lui plaît pas, alors c’est son problème, ce n’est pas le tien. Il est important que tu sois en phase avec tes principes et tes valeurs. Il t’appartient de ne pas prendre une décision contre-nature parce que « c’est ainsi que les autres font », parce que ta culture te l’impose ou parce que ton éducation t’a
conditionné ainsi.
Si nous sortons du cadre conventionnel, nous risquons d’être jugé négativement et cela ne plaît pas à notre ego qui est, nous devons bien le reconnaître, fortement conditionné par son environnement. Les sociétés, sous l’influence millénaire des religions, ont profondément ancré leurs principes et solidement établi leurs règles sur des interdits, sur le contrôle des populations par la peur et la culpabilité.
Peur du jugement et poids de notre conditionnement
Les exemples sont partout. Sais-tu que dans certaines régions du monde, pour une femme, ne pas être mariée à 30 ans est une cause de rejet de la société. Certaines personnes vivent cela très mal, au point de réprouver leur existence et vouloir se donner la mort. Pourtant, dans d’autres cultures, une telle situation est tout à fait normale. Cette pression sociale découle du poids écrasant de la culture dans le jugement collectif et même individuel.
Bien que l’influence culturelle soit prégnante, nous ne sommes pas tous égaux devant la peur du jugement. Celle-ci s’est également forgée à partir d’un conditionnement opéré dès notre plus jeune âge. Cette peur s’est construite tout au long de notre existence. Jeunes, nous avons tous été jugés. Certaines critiques nous ont marqué, au point d’être restées en nous. Toutes ces blessures du passé, petites et grandes, restent tapis dans l’obscurité de notre inconscient. Leur influence se retrouve à travers la peur d’être à nouveau jugé, d’être à nouveau touché émotionnellement.
« Le pouvoir destructeur des critiques constitue une arme insoupçonnée. »
Oncle Michel, Un sommet magnifique
Sa capacité à faire des dégâts est réelle chez des enfants sans défense intellectuelle puis, plus tard, chez des adultes asservis par des mécanismes cérébraux incontrôlés. Je parle ici de la critique dévalorisante, du type « tu es nul », « tu es moche », « laisse, tu ne sais pas faire », etc. Je ne parle pas de la critique constructive et nécessaire qui, elle, fait grandir.
C’est pour cela que nous devons nous interdire de juger négativement les autres. Pour pouvoir tirer le meilleur d’un individu, il faut l’encourager, lui donner confiance et savoir exploiter ce qu’il fait de bien. Cela ne veut pas dire qu’il faille passer sous silence un mauvais comportement ou une erreur. Il faut savoir expliquer ces choses sans pour autant dévaloriser son auteur. C’est un exercice qui n’est pas toujours facile, je te l’accorde, mais qui est terriblement efficace.
La peur d’être jugé s’accompagne souvent d’un fort besoin de reconnaissance. J’ai remarqué que chez certaines personnes, ce besoin pouvait s’exprimer de façon mesquine et surtout paradoxale. Ces gens
passent beaucoup de temps à critiquer les autres dans le seul but de se valoriser eux-mêmes. Ce sont des stratégies de défense inconscientes mais très répandues. Cette dévalorisation systématique des autres permet à leur ego de décharger la peur de n’être personne aux yeux du monde. Ce qui est paradoxal, c’est que ces personnes reproduisent les mêmes causes qui les ont mises dans cette situation de souffrance et de repli.
Quoi qu’il en soit, la critique est forcément émise à partir d’un avis subjectif, donc biaisé. Un jugement est toujours posé par rapport à un idéal illusoire que nous avons nous-même établi et par rapport à une échelle de référence que nous avons nous-même fixée. Cet idéal, fruit de notre histoire, est propre à
chacun. Un Français qui critique son système de santé ne jugera pas selon la même échelle de valeurs qu’un habitant du Malawi, c’est certain.
Un commentaire
Kadar Termeche
Merci pour cette belle analyse très subjective.
Une impression dans laquelle nous nous reconnaissons parfois.
Cela nous aide à une remise en question personnelle.