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Quand la petite voix intérieure nous oppresse

Nous expérimentons tous ces dialogues venus de l’intérieur, plus ou moins intenses et perturbants. Cette « petite voix », avec laquelle nous conversons silencieusement, joue le rôle de plusieurs personnages dans l’univers abstrait de notre mental. Elle enfile parfois le costume d’un confident, parfois d’un ennemi, parfois d’un parent, parfois d’un juge. Mais que faire quant la petite voix intérieure nous oppresse ?

Le psychologue américain Russell Hurlburt, de l’université du Nevada à Las Vegas, a étudié cette question du dialogue intérieur avec une approche scientifique. Le résultat de son travail montre qu’en moyenne un être humain se parle à lui-même 23% de son temps éveillé. Cependant, il souligne de grandes disparités entre les personnes étudiées. Certaines peuvent avoir un taux supérieur à 90% alors que pour d’autres ce taux est très faible (moins de 10%).

Cette petite voix est une alliée…

Il est fréquent que notre petite voix intérieure mette en scène des dialogues entre différents « Moi ». Cet autre « Moi » nous est d’une grande utilité pour résoudre des problèmes ou prendre des décisions. Ces dialogues nous servent à organiser notre pensée avant de réellement parler ou avant d’agir de manière instinctive. La petite voix joue donc le rôle d’un(e) ami(e) bienveillant(e) avec qui nous pourrions discuter pour clarifier les choses ou pour évaluer des situations. Elle permet de nous modérer face au risque d’actions impulsives.

Par exemple, si nous sommes tenté par un achat compulsif, un dialogue intérieur va prendre place :

J’en ai envie !

Oui mais ce produit est cher, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?

-Je n’en ai pas besoin mais cela va me procurer de la joie ! Je veux profiter de la vie.

-De la joie immédiate oui mais quand tu verras ton compte en banque, cette joie va vite te passer et laisser place à du regret ou de l’inquiétude.

Ces dialogues jouent également un rôle fondamentale dans l’émergence des émotions. Leur mission consiste à réguler l’intensité de nos émotions. Face à une situation qui peut devenir émotionnellement intense et nous faire perdre le contrôle (ce qui s’apparente à un danger imminent pour une partie de notre cerveau), ce type de dialogue intérieur nous sert de filtre. Il va nous permettre d’évaluer le réel danger d’une situation et d’atténuer l’impact émotionnel associé.

Si par exemple un ivrogne nous invective dans la rue, sans raison, notre réaction émotionnelle va être primaire. La peur ainsi provoquée engendrera une réponse propre aux situations de danger et basée sur le principe de « fuite ou combat ». Un dialogue intérieur va alors nous permettre de nuancer cette peur et de nous dire que cette personne n’a pas toutes ses capacités, qu’elle est en souffrance, qu’elle n’est pas dangereuse et que ce n’est pas notre Moi qui est visé.

… ou une ennemie ?

Nous constatons parfois que ces différents « Moi » intérieurs se chamaillent, chacun s’efforçant de nous convaincre d’une chose et d’attirer l’attention pour voir ses besoins satisfaits. Ces dialogues sourds guident notre existence et peuvent nous empoisonner la vie. Ce processus mental devient épuisant quand les discutailleries sont intenses et permanentes.

Pour un même problème, nous allons croire un jour l’une de ces voix, puis, le jour suivant, nous succomberons aux arguments de l’autre voix pour ensuite revenir à la première… et ainsi de suite. Ces ruminations peuvent nous mener à la dépression.

Dans cette situation, une thérapie comportementale peut nous aider à reprendre le contrôle sur ces pensées ressassées. Des méditations guidées peuvent également être d’une grande utilité. Elles permettront d’observer les mécanismes qui s’opèrent au sein de notre mental. Se poser en simple observateur de ces discussions intérieures est un exercice très puissant. Cela permet d’atténuer l’impact de ces discours sur nos émotions. Chaque fois que nous coupons ce flux de pensées, nous entrouvrons une porte de sérénité et de lumière. Un instant véritable tel qu’il est réellement.

Avec une pratique régulière, nous pourrions même sourire en entendant ces voix et en comprenant leur influence sur nos comportements, sur nos émotions, sur notre vie. À l’image d’un adulte qui rit avec compassion et amour aux pitreries d’un enfant, nous comprenons alors que ces déchirements intérieurs ne sont que des fabrications du mentale. Ils ne sont pas la réalité.

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